
Umtiti a appuyé sur 'Échap'. Et nous alors ?
Lundi soir. L'heure où l'humanité se débat entre la fin du-dit "lundi" et le début d'un plat de pâtes bien mérité. C'est le moment précis qu'a choisi Samuel Umtiti pour envoyer une notification qui a fait bugger la matrice du football français. Sur son écran, un message simple, direct, presque brutal : "J'arrête tout". Pas de préavis, pas de tournée d'adieu façon rockstar. Juste un "ciao" numérique, laissant le monde du ballon rond avec la mâchoire qui touche le sol.
Imaginez la scène. Le "community manager" de la planète foot, un type sympa mais un peu débordé, qui voit passer le post et recrache son café. Umtiti, le roc de 2018, le mur sur lequel les attaquants belges se sont écrasés comme des moustiques sur un pare-brise, décide de ranger définitivement ses crampons dans le grenier. Le lendemain, pas de réveil à l'aube, pas de sac de sport à préparer, pas de mise au vert. Juste le silence. Le silence d'une carrière qui vient de basculer en mode "Terminé".
De la lumière de Moscou au crépuscule lillois
Carrière "intense", dit-il. Le mot est faible. On parle d'un type qui, en l'espace de quelques années, a connu l'ascension d'une fusée de la NASA et la descente d'un caillou dans un puits. Il y a eu l'OL, son cocon, là où tout a commencé. Ce Trophée des Champions 2012, qui aujourd'hui ressemble à une relique d'une civilisation perdue, c'était lui.
Puis, le Big Bang : Barcelone. Le Camp Nou. Jouer avec des extraterrestres et devenir l'un d'entre eux. Il y a gagné des Liga, des Copas del Rey, et le respect du monde entier. Son genou était alors un bijou de la nature, un allié indestructible.
Et bien sûr, il y a eu l'été 2018. Ce fameux soir de juillet où son crâne est devenu le plus célèbre de France, propulsant les Bleus en finale. Un but qui a fait trembler la Terre, un moment d'éternité gravé dans nos mémoires. À cet instant, Samuel Umtiti n'était pas un joueur de foot. Il était une divinité du stade, un héros national qui n'avait besoin que de 31 sélections pour laisser une empreinte de géant.
Mais le football est une bête cruelle. Le genou, autrefois son super-pouvoir, est devenu sa kryptonite. Après la gloire, la galère. L'Italie, puis Lille, où ses apparitions se sont faites aussi rares qu'une éclipse solaire. Treize petits matchs avec le LOSC, comme un dernier tour de piste mélancolique, avant de disparaître en fin de contrat. La fin était proche, on le sentait, mais l'annonce a tout de même l'effet d'un uppercut.
Alors, GOAT ou Biquette ?
Dans son message d'adieu, il remercie tout le monde : clubs, présidents, coéquipiers. Classe. "Je ne regrette RIEN", écrit-il en majuscules, comme pour mieux s'en convaincre, ou pour nous dire que le voyage, malgré les turbulences, en valait la peine.
Forcément, sur les réseaux, les hommages pleuvent. Mais Internet ne serait pas Internet sans une dose de trolling affectueux. Les fans les plus hardcore, ceux qui voyaient en lui le "Greatest Of All Time", le GOAT ultime, ont déjà trouvé son nouveau blaze. Oubliez "Big Sam", faites place à "Samuel Biquette". Un surnom qui sonne comme une blague de fin de repas, un clin d'œil tendre pour un joueur qui, finalement, a tout fait à sa manière.
Samuel Umtiti s'en va. Le foot continue, bien sûr. Mais ce soir, il a un goût un peu différent. Le goût d'une page qui se tourne violemment, nous rappelant que même les héros de nos plus belles épopées ne sont, au final, que des hommes qui décident un jour que le jeu est terminé. Et nous, on reste là, un peu sonnés, à se refaire le film d'une carrière... vraiment pas comme les autres.