Iran : un geste filmé d’Armin Sohrabian provoque une décision radicale

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Armin Sohrabian
Armin Sohrabian


Un simple verre… et la tempête s’abat sur Téhéran


En Iran, certains objets ont le pouvoir de transformer un jour ordinaire en affaire nationale. Un ballon ? Rien d’extraordinaire. Un trophée ? Habituel dans le monde du sport. Mais un verre suspect tenu par un footballeur professionnel, filmé quelques secondes, peut soudain déclencher la colère des dirigeants d’un club entier.


C’est exactement ce qui arrive à Armin Sohrabian, défenseur central de 30 ans, joueur emblématique de l’Esteghlal Téhéran, l’une des équipes les plus soutenues du pays. Une vidéo circulant sur les réseaux, où il apparaît dans une ambiance privée, un verre à la main, a suffi pour que son club décide de l’écarter temporairement, sans attendre.


Dans un pays où, depuis la Révolution de 1979, la consommation d’alcool est interdite par la loi, même un soupçon peut avoir des conséquences sportives… et politiques.


Excuses publiques et convocation d’urgence


Dans ce contexte explosif, la vidéo, partagée massivement en ligne, a fait l’effet d’un mégaphone. On y distingue Sohrabian dans une pièce où plusieurs bouteilles apparaissent sur une table. L’agence Fars parle d’images “controversées”, tout en précisant que le joueur devra se présenter devant les dirigeants de son club et une commission disciplinaire. Pas de carton rouge, mais une convocation obligatoire, façon tribunal sportif.


Rapidement, le défenseur a réagi. Sur Instagram, il a présenté des excuses, expliquant que la vidéo datait d’il y a plusieurs années. Selon lui, elle aurait été publiée par quelqu’un ayant des différends personnels avec lui, comme une vengeance numérique venue du passé. Le football moderne n’affronte plus seulement des adversaires sur la pelouse, mais aussi des ennemis invisibles derrière l’écran.


Ce n’est pas un cas isolé : quand la vie privée devient affaire d’État


L’affaire Sohrabian ne tombe pas du ciel. Depuis plusieurs mois, l’Iran connaît une série de décisions disciplinaires liées à la vie personnelle des sportifs.


Avril 2024 : le gardien de la sélection, Hossein Hosseini, est suspendu pour avoir enlacé une supportrice dans un stade. Dans le pays, tout contact physique public entre hommes et femmes non mariés est interdit.


2022 : l’athlète Elnaz Rekabi est vivement critiquée pour avoir participé à une compétition d’escalade sans porter les vêtements réglementaires imposés aux sportives iraniennes.


Dernières semaines : fermeture de cafés et restaurants accusés d’avoir servi de l’alcool, même en privé.


Dans cette atmosphère stricte, chaque geste capté par un téléphone peut devenir une “affaire nationale”. L’intimité n’est plus un espace protégé, surtout lorsqu’on porte les couleurs d’un grand club.


Un joueur précieux, mais sous surveillance


Arrivé en 2025 à l’Esteghlal, Sohrabian n’est pas un inconnu : professionnel depuis 2014, passé brièvement par la sélection nationale en 2023, il joue aujourd’hui au cœur d’une défense qui permet au club de se maintenir dans le haut du tableau. C’est un joueur solide, apprécié des supporters, et considéré comme un pilier d’une équipe actuellement deuxième du championnat après dix journées.


Pourtant, ses qualités sportives n’ont pas suffi à le préserver. En Iran, la personnalité publique d’un athlète ne s’arrête pas au bord du terrain. La sanction n’a pas été liée à un tacle, une expulsion, ni même une dispute avec un autre joueur : elle est née d’une vidéo de quelques secondes, dont l’origine reste floue, et que lui-même dit regrettée.


Conclusion : au-delà du sport, une histoire de normes


L’affaire Sohrabian rappelle que le football n’est pas qu’un jeu de passes, de buts et de contrats. Il est aussi un miroir de la société dans laquelle il évolue. En Iran, ce miroir reflète un ensemble strict de règles où l’image d’un joueur peut devenir un symbole, et où chaque geste visible publiquement peut entraîner des conséquences sportives.


Un verre tenu dans une main, une vidéo partagée sur les réseaux, et une carrière peut vaciller. Dans certains pays, les cartons rouges ne tombent pas seulement sur la pelouse : ils peuvent surgir sur un écran de smartphone.

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