
Le foot, c’est beau. Mais une fois les crampons raccrochés, c’est souvent le grand saut dans l’inconnu. Alia Guagni, ex-internationale italienne, vient d’en faire l’expérience avec panache, humour et un soupçon d’angoisse existentielle. Car contrairement aux stars masculines qui finissent leur carrière avec un yacht, une marque de montres et une villa à Dubaï, les footballeuses, elles, doivent parfois penser très vite à la suite. Et dans le cas de Guagni, ça commence... par une impression textile.
Une dernière danse à Côme... CV inclus
Dimanche dernier, sur la pelouse face à Naples, Alia Guagni disputait le dernier match de sa carrière. Victoire 3-1 pour Côme, un coucher de soleil sur sa carrière de défenseuse, et un maillot pas tout à fait comme les autres. À la place d’un sponsor flashy ou d’un slogan marketing, l’Italienne de 37 ans avait décidé d’y faire figurer... son CV. Oui, son curriculum vitae, version tissu, directement brodé dans son ultime tunique de joueuse.
Un geste fort, symbolique, et un brin désespéré ? Pas du tout. Plutôt une manière créative de tirer la sonnette d’alarme sur une réalité trop souvent ignorée : l’après-foot chez les femmes est un terrain bien plus glissant que la surface d’un synthétique sous la pluie.
35 sélections, zéro parachute doré
Guagni n’est pas une inconnue : elle a porté 35 fois le maillot de la Squadra Azzurra, a joué pour l’AC Milan, et finit sa carrière dans le cadre idyllique de Côme, avec vue sur le lac. Mais même avec ce palmarès, elle n’a ni fortune colossale, ni contrat publicitaire miraculé. Le lendemain de sa retraite, il faut bosser. Point.
C’est ce qu’elle a expliqué dans une interview sans filtre pour The Athletic :
« Une fois notre carrière terminée, nous, les joueuses, devons faire face à un vide. Aucun parcours ne nous attend. On ne peut pas simplement arrêter de travailler. »
Autrement dit : fin de match, début de galère.
Le programme "Beyond" : vers l'infini et surtout vers un CDI
Heureusement, Alia Guagni ne se contente pas d’un coup d’éclat symbolique. Avec son club, elle a co-créé le programme Beyond, un accompagnement sur mesure pour les joueuses qui prennent leur retraite sportive. Objectif : éviter que ces ex-athlètes ne tombent dans l’oubli une fois sorties des vestiaires. Le club de Côme explique dans un communiqué que ce projet vise à « offrir aux joueuses un véritable tremplin vers un avenir riche et épanouissant après leur carrière ».
Un joli discours, mais surtout une action concrète : orientation, coaching, mise en réseau... tout pour éviter le syndrome du "et maintenant, je fais quoi ?"
Du gazon au CV : une reconversion cousue main
Ce geste de broder son CV sur son maillot n’est donc pas une simple anecdote insolite à partager sur les réseaux. C’est un cri du cœur cousu à la main, une manière élégante de dire : « Regardez-nous, on existe aussi après les 90 minutes. » Et si certains y voient une touche d’humour ou d’originalité, d’autres y liront surtout une vérité sociale sur l’inégalité persistante entre football féminin et masculin.
Une fin de carrière au bord du lac... mais la vraie vie, elle, ne fait pas rêver
Certes, terminer sa carrière dans la douceur des rives du lac de Côme, ça a son charme. Mais derrière la carte postale, il y a une réalité bien plus rugueuse. Alia Guagni, en actrice lucide de sa propre histoire, nous rappelle que dans le sport féminin, le match le plus dur commence souvent... après le coup de sifflet final.